Bienvenue à Lou !

Elle est née hier soir. Elle est la fille de mon vieux copain D. qui m’a appelée tout à l’heure (et tout ému) pour m’annoncer la nouvelle. D. et moi on s’est rencontrés sur les bancs de la fac, en 82 ou 83. On ne s’est pas quittés depuis. Il y a 7 ans il a rencontré A. Ils se sont mariés il y a deux ans et j’étais sa « témouine », comme il dit. Et voilà, Lou est entrée dans la course….. Bienvenue à toi, petite fille, et belle vie !

Moi je n’ai pas d’enfant. Ce n’est pas un choix, c’est la vie qui a fait que…. ça ne s’est pas fait, voilà. Julio est mort il y a douze ans. J’avais 29 ans et demi. Nous avions parlé ensemble de fêter mes trente ans avec un bébé. Raté.

Sept ans plus tard, je me séparais de N. avec qui je vivais une relation douce, tendre et gaie et qui m’avait réappris ce qu’était le bonheur d’être deux. Mais qui opposa un refus catégorique à ma demande d’être trois. Il était déjà papa, lui.

Par la suite, je n’ai pas rencontré celui avec qui faire de nouveau ce projet. Ou du moins pas assez longtemps pour l’envisager.

Alors voilà. Je ne peux pas dire que ce soit une réelle souffrance. Telle que celle que vivent certaines de mes copines qui ne peuvent – physiologiquement – pas avoir d’enfant. Ma non-maternité est question de circonstances. C’est un manque, tout au moins, c’est certain.

Quand je vivais avec Fox – jusqu’en mai dernier, un joli compagnonnage d’un an, tendre et drôle – j’adorais les week-end avec ses deux enfants : faire la cuisine pour le déjeuner du dimanche, les petits-déjeuners à quatre, les balades ou le cinéma « en famille ». Tout cela est très « exotique » pour moi. Et j’y prenais énormément de plaisir. Je suis même allée voir des films en VF, c’est pour dire ! Pour moi qui n’ai jamais vécu de quotidien avec des enfants, sortir de la machine à laver des vêtements taille 10 ans et les étendre sur un fil était émouvant. Et aussi mettre dans le caddie du supermarché des céréales autres que mes « Spécial K » de fille (des trucs avec du chocolat, des bouilles de BD sur la boite et des autocollants « Indestructibles » à l’intérieur, vous voyez le genre). Et je ne connais pas de joie plus simple et plus intense que de faire un gâteau au chocolat avec un enfant !

Alors bien sûr, je dispose d’une liberté que n’ont pas les parents. Quelques exemples :

  • Après avoir fait la fête hier soir jusque fort tard (pas de baby-sitter à raccompagner), j’ai fait ce matin une grasse matinée qui n’a pas été loin de se transformer en « grasse après-midi », et n’ai eu ensuite à me préoccuper de rien d’autre que de soigner ma (légère) gueule de bois. Et je n’envisage pas de manger quoi que ce soit avant ce soir, na !
  • Il y a trois semaines, j’ai dîné avec un de mes copains, célibataire et sans enfants (espèce en voie d’extinction dans mon entourage). A la fin du dîner, nous avions décidé de partir ensemble en Inde pour passer les fêtes de fin d’année. Comme ça.
  • Je fais un boulot qui m’amène parfois à me déplacer, en France ou à l’étranger, et je n’ai aucune disposition particulière à prendre quand je m’en vais.
  • Si j’ai envie d’aller à la gym en sortant du bureau, ou voir une expo en nocturne, je le décide au dernier moment et rentre à l’heure que je veux, et si mon frigidaire est vide, tant pis.

Il est arrivé que certaines de mes copines, qui ont charge de famille, disent m’envier cette liberté. A mon avis, c’est un sentiment passager : quand elles rentrent chez elles et que leurs petits loups leur sautent au cou, elles doivent quand même préférer être dans leur peau que dans la mienne….. Parce que quand je rentre le soir, pour ma part, il faut que je mette un CD ou que j’allume la télé si je veux entendre autre chose que le silence. Parfois c’est bien, parfois non….

Commentaires

1. Le dimanche 30 octobre 2005, 23:12 par Vroumette

Bonsoir Traou,
Je te découvre ce soir et bien sur je me sens bête à lire ce billet qui me prend aux tripes.
Oui, la vie fait que...
Il y a mille façons d'être maman. L'attention que tu portes aux autres, et notamment celle que tu as porté aux enfants de ton amoureux d'un temps, c'est aussi une façon d'être maman.
Tu veux une cassette des bruits d'ambiance maison (bon, je le reconnais, c'est parfois un peu bruyant) ?

2. Le dimanche 30 octobre 2005, 23:24 par Traou

Merci infiniment de ce gentil message, Vroumette (en, plus, me voilà fière comme un petit banc : mon premier commentaire ! Et même deux !). Pour la cassette, ce n'est pas une mauvaise idée... En plus, moi je pourrais appuyer sur "Play" ou "Stop" à volonté. Pas donné à tout le monde, ça !

3. Le lundi 31 octobre 2005, 01:31 par Vroumette

Mon "Stop" à moi c'est "Filez dans votre chambre" (on fait comme on peut !).

4. Le mercredi 9 novembre 2005, 15:47 par en campagne

Tu exprimes bien ce que tu ressens Traou ! Merci de nous faire partager ainsi ta vie. Elle est c'est sûr, complètement différente de la mienne et m'apporte une autre vision des choses ...

5. Le mardi 24 janvier 2006, 19:28 par Erin

J'ai les 2, l'enfant et la vie de femme célibataire sans enfant. J'ai ma fille un week end sur 2 et la moitié des vacances. Le reste du temps elle vit chez son papa.
C'est la vie qui a voulu ça... et un choix pour la garde entre son père et moi bien sur.
J'aime avoir cette possibilité de n'avoir aucune heure pour faire ci ou ça, mais il y a des fois où le silence de la maison est pesant...

Après une petite incursion dans tes archives, je suis de plus en plus sensible à tes mots... tu retranscris tellement bien les choses, faits ou/et émotions. J'adhère !