Parcours initiatique

cuisine
J'ai retrouvé ce vieux bouquin tout sale dans ma bibliothèque de livres de cuisine. Il m’avait été offert par mon ami Vincent, il y a sans doute un peu plus de vingt ans.

Aujourd’hui, je me débrouille plutôt pas mal une casserole à la main, mais à l’époque, j’avais la réputation – non usurpée – de louper les œufs durs… On m’avait confié cette tâche, pour le moins facile pensait-on, lors d’un dîner copains, afin de les mettre dans une salade. On avait pris soin préalablement de me mettre à l’écart des tâches plus complexes et ça au moins, on pensait que je ne pouvais pas le rater. Et bien si ! Peut-être les avais-je jetés trop violemment dans la casserole et ils s’étaient répandus en longs filaments de blancs. Ou bien ne les avais-je pas laissés cuire assez longtemps et n’avaient-ils rien de durs. Peut-être tout ça à la fois. Toujours est-il que s’étaient tournées vers moi pas mal de paires d’yeux amusés et atterrés d’une telle incompétence et que cette réputation en matière culinaire m’est restée attachée pendant pas mal d’années. D’où le cadeau de Vincent.

Par la suite, les deux chambres de bonnes que j’ai occupées pendant mes années d’étudiante à Paris (dont une avec douche pliante, si, si, ça existe) m’interdisaient de recevoir plus de deux personnes à la fois (moi comprise) et l’exiguïté des lieux ne se prêtait pas à la moindre cuisine, en dehors de soupes en sachet avec des biscottes, j’ai donc eu quatre années de répit.

Puis, premier job = premier studio doté d’une vraie table et de six chaises pliantes planquées derrière les portes, je n’avais plus d’excuses pour ne pas recevoir, en plus j’adore ça, recevoir mes copains.

Dans ces années-là, je suis passée maître dans l’art de faire des dîners sans cuisiner, en tous cas je ne faisais que le minimum vital. Je m’explique : tout était dans l’idée, la déco, le moins-faisant, et surtout le choix des convives, un au moins d’entre eux devant être capable d’intervenir en cas d’urgence, voire de prendre les rênes, voire de faire la cuisine à ma place ! Et c’est arrivé souvent. J’étais aussi une adepte du dîner à thème qui fait illusion avec rien. Exemple : dîner italien, pour commencer, un apéro-entrée à base de petits toasts aux couleurs du drapeau italien, tout comme la déco (serviettes et bougies vertes et rouges) : donc, guacamole/boursin/œufs de lumps rouges. Rien à faire sauf savoir tartiner, ça je pouvais quand même. Ensuite : pâtes sauce toute faite, et surtout, surtout une bonne âme pour venir les goûter, parce que moi…. Aujourd’hui encore, j’ai gardé cette habitude : je ne goûte jamais les pâtes ou le riz moi-même. Je n’en fais même que très rarement pour moi seule. Du chianti ou du valpolicella sur la table. Dessert : un panettone tout fait acheté. Un café dans des petites tasses, et zou, roulez jeunesse ! Parfois, c’est pas pour dire, mais ça le faisait. Enfin….. Un ami a dit un jour « Chez Traou, on ne sait jamais trop ce qu’on va manger, mais le bar est toujours plein. Et la cave aussi. ». Et c’était vrai. Et les soirées chez moi étaient plutôt gaies. Et arrosées, là je ne pouvais pas me tromper.

Et puis un jour, j’ai eu envie de faire VRAIMENT la cuisine. Alors j’ai essayé. Il y a eu des épisodes catastrophiques : de pauvres plats brûlés ou pas cuits, des mélanges approximatifs voire vomitifs, des fous-rires qui sont maintenant de bons souvenirs (ma première tarte au citron que j’avais parsemée d’ENORMES zestes prélevés au couteau économe. Je pensais naïvement que ça fondait à la cuisson, ben non. Mes invités ont fait un concours de la plus jolie fleur en zestes en les étalant en corolle sur le rebord de leur assiette). Mes premières armes quoi. Certains jours, franchement, il n’y avait pas de quoi rire, et certains de mes copains mériteraient une médaille pour leur dévouement et leur stoïcisme.

J’avais bien essayé de demander à ma mère de m’apprendre. Mais voilà, ma mère, qui est une cuisinière hors-pair, est également une très piètre pédagogue et j’avais beaucoup de mal à comprendre quoi que soit à ses recettes même quand je m’installais pleine de bonne volonté dans sa cuisine, attentive et appliquée avec mon petit carnet et mon crayon levé. Exemple type de « leçon » :

Moi : Alors, là, tu mets quel ingrédient ?
Maman : Là tu mets du schmoutz
Moi : Mais c’est pas du schmoutz, là ?
Maman : Ah non, parce que je n’en avais pas, alors j’ai mis du smurz !

Je note, docile « schmoutz, mais possibilité de mettre du smurz ».

Moi : Et là, tu rajoutes de la farine.
Maman : Ah oui, bien sûr, de la farine.
Moi : Et tu en mets quelle quantité ?
Maman : Oh, tu vois bien…..

J’essaie d’évaluer à vue de nez la quantité de farine (genre un bol… un verre…. une louche… un wagon …)

Moi (pleine d’espoir, encore) : Et alors là tu mets à cuire. Tu mets le four à combien ?
Maman (d’un air convaincu) : Oh, tu vois bien…
Moi : Mais euh, très chaud ? Moyen ?
Maman : Chaud, c’est bien… Oui, c’est bien.
Moi : Et ça cuit combien de temps ?
Maman : Oh, tu vois bien….

Là, en général, je remballais carnet, crayon et motivation et je retournais chez moi faire des dîners-raviolis avec collaboration active des convives.

Et puis, petit à petit, j’ai appris. Je ne sais comment, sur le tas, faut croire. J’ai tâtonné, tenté, jeté, recommencé, pesté, goûté, recraché, apprécié, parfois même inventé…. Et aujourd’hui, j’ai plutôt bonne réputation. Fox m’avait accordé la médaille d’or du risotto. J’ai souvenir d’une blanquette de veau qui, c’est pas pour me vanter, mais était quand même un vrai bonheur (j’ai des témoins). Mon dernier tajine a mis les larmes aux yeux à un copain marocain à qui il a rappelé celui de sa grand-mère (j’étais fière !). Et pas plus tard qu’hier soir j’ai fait un curry (en préambule à mon prochain voyage en Inde) qui n’était pas raté, j’vous jure ! Bon, je suis adepte des plats du type « je flanque tout dans une cocotte, je laisse cuire un bon moment, et si ça reste une demi-heure de plus, c’est pas grave ». Ne comptez pas sur moi pour vous faire des trucs chichiteux, un soufflé dont il faut surveiller la sortie du four à la seconde près ou du service à l’assiette ! Ah j'oubliais, je suis la reine du pain d'épices, parfaitement !

Ma plus grande victoire, c’est que maintenant, quand je demande à ma mère de m’expliquer une recette, et qu’elle me dit « Tu vois bien… », effectivement je vois ! C’est comme d’apprendre en tâtonnant une langue étrangère en se disant qu’on n'arrivera jamais à l’acquérir et puis un jour de comprendre le dialogue dans un film en v.o. …

Cependant, la cuisine a ses mystères. Pourquoi, alors que maintenant je comprends ce qu’elle dit et que je fais tout bien comme elle, les terrines de ma mère sont divines et les miennes seulement passables ?…. C’est agaçant. En revanche, ma mère – pour qui la notion d’internet est à peu près similaire à Alpha du Centaure, donc je suis tranquille, elle ne lira jamais ces lignes – est et a toujours été absolument nulle en confitures, alors que ses quatre filles se débrouillent fort bien et rivalisent en ce domaine. Il y a des gens qui n’ont pas la main verte, elle n’a pas la « main confiture », faut croire. D’ailleurs elle l’ignore, puisqu’elle persiste à nous concocter régulièrement des mixtures innommables qui sont, au choix, liquides à passer par les trous des tartines, ou bien dures à tenir la cuillère fichée dedans verticalement. Charitablement, nous ne lui avons jamais dit. Et quand elle fait du foie gras, je me précipite pour faire le confit de figues qui va avec, à sa place. Elle m’en est reconnaissante. Les autres aussi….

Avec tout ça, j’avoue que lorsque je mets un tablier (j’aime bien, avec un torchon accroché à la ceinture pour s’essuyer les mains, comme les chefs), c’est chaque fois une petite victoire. Et un plaisir. Et peut-être même que je mettrais des recettes ici, c’est fou ça, qui l'aurait cru ?! Et je dédierai la première à mon ami Vincent qui n’est plus de ce monde depuis 10 ans et n’a pu assister à mes progrès fulgurants. Tiens, là voilà : mon curry d'hier soir. Variation libre sur une recette de mon site-bible www.marmiton.org :

1/ Faire revenir dans une cocotte avec un peu d'huile un ou deux oignons émincés et une pomme-fruit rapée (très franchement, j'ai trouvé la présence de la pomme-fruit assez subliminale, mais si ça se trouve, ça changerait tout si elle n'y était pas).
2/ Ajouter les épices, donc soit du curry en poudre (2 cuillères à soupe) + une pincée de cannelle + une pincée de muscade Moi j'étais passée dans une épicerie du quartier indien chercher de la pâte de curry "mild", mais ceux qui aiment peuvent la prendre "hot". J'en ai mis deux ou trois bonnes cuillères à soupe. Touiller
3/ Ajouter du poulet coupé en petits morceaux, qu'on aura préalablement fait un peu dorer dans une poêle (ça doit marcher aussi avec de l'agneau, pour les quantités, ça dépend combien vous êtes, vous voyez bien, comme dirait quelqu'un que je connais...)
4/ Ajouter trois tomates coupées en morceaux + 1 verre d'eau et un bouillon (moi j'ai mis un bouillon aux épices)

On laisse cuire au bas mot 40 minutes à feu pas trop fort, mais plus longtemps c'est pas grave, et on enlève le couvercle si c'est trop liquide pour que ça s'évapore et avoir une consistance un peu crémeuse en bout de course.

A la fin, on ajoute deux ou trois bonnes cuillères de lait de coco. On touille. On sert avec du riz.

Moi j'avais ajouté des noix de cajou, mais ça n'apporte pas grand chose, finalement... (il faut les réserver aux poulets korma, je pense). Et je l'ai servi avec des papadums (petites galettes fines et croustillantes) et des chutneys (mangue et gingembre) achetés dans la même épicerie indienne, mais on peut en trouver ailleurs je pense.

Ma première recette. Je suis fière comme un petit banc, comme dirait l'autre....

Commentaires

1. Le dimanche 20 novembre 2005, 19:09 par Ursun

Je trouve cette note pleine d'espoir. Elle me fait penser que mon cas n 'est pas désespéré !! Merci Traou pour me remonter le moral !!! ;o)

2. Le dimanche 20 novembre 2005, 19:09 par Anitta

Ah, chouette ! Si maintenant tu publies des recettes... Je vais ajouter deux étoiles à l'adresse de ton blog ! Superbe parcours initiatique, très joliment raconté. Qui, tu ne m'en voudras pas de le dire, nous fait également prendre conscience qu'une bonne recette n'existe pas ; elle ne le devient qu'à partir du moment où son exécutante se l'est suffisamment appropriée... pour ne pas la respecter autrement qu'à la louche. Tu vois bien, là ? Bisou, bon dimanche.

3. Le dimanche 20 novembre 2005, 20:29 par obni

Des recettes bretonnes ! Des recettes bretonnes ! ;-)

Pour ce qui concerne les sites culinaires intéressants, je viens de m'abonner en RSS à [ce blogue|www.rouxcuisine.over-blog...

4. Le dimanche 20 novembre 2005, 20:51 par Cuné

Je l'ai, ce livre !!! M'en suis même pas mal servie, et ça date de pas si longtemps, 7 ans à peine que je cuisine.. D'ailleurs j'utilise toujours sa recette de gratin dauphinois qui est léger par rapport au vrai, et je me souviens encore très bien de son intro, qui me paraissait à l'époque d'un compliqué, avec les bases d'épices et autres à avoir toujours dispo en cuisine, etc...
Par contre je n'aime toujours pas ça, rate encore assez facilement mes plats, et en général ne fais pas 2 fois la même chose même avec la même recette de base.
Sauf que maintenant je cherche sur le net une recette en fonction de ce que j'ai envie de faire...
Ce soir soupe avec de vieux légumes qui s'abimaient, tous mélangés, coupés petits, eau au pif, une heure à petit feu, on mixe, et ben c'était excellent !
Bananes au chocolat (de vieilles bananes, on incise, on place une barre de chocolat noir, 30 mn à 100°, l'extérieur est noir, l'intérieur tu le lèches et tu pleures, de bonheur) (et on te dit "yen a encore ?")...

5. Le dimanche 20 novembre 2005, 21:10 par Traou

Ursun> Crois-en le cas désespéré que j'étais : c'est possible ! Courage ! (et en plus on y prend du plaisir, promis)

Anitta> C'est exact, une recette devient "la nôtre" ou jamais ! Je ne sais pas si j'en publierais beaucoup, mais j'espère qu'elle seront accessibles à tous et compréhensibles, tu vois....

Obni> Tu ne crois pas si bien dire : j'ai en tête une recette de "chin pou" (version "pauvre" du kig ha farz breton) dont je ne garantis pas l'orthographe, mais qui avait donné lieu quand une de mes amies bretonnes me l'avait concocté à un petit texte de ma part sur l'étymologie supposée - et très fantaisiste - du nom... J'en donnerai sûrement la recette (et le texte explicatif) ici prochainement. Elle nécessite en premier lieu... une machine à coudre ! Non, je ne plaisante pas !

Cuné> En fait, je ne me suis jamais beaucoup servi de ce bouquin. Je ne le trouve pas très... ludique. Qu'une recette ne donne pas deux fois la même chose est normal, voire souhaitable. Soupe de légumes, bananes au chocolat, hmmmmm, j'arrive ! ;-)

6. Le dimanche 20 novembre 2005, 21:29 par alice

Encore un beau texte...Les blogs, je crois que je vais seulement les lire maintenant.

7. Le dimanche 20 novembre 2005, 21:38 par Traou

Alice > Tssst tssst tssst !!! C'est hors de question ! J'adore lire tes textes ! En plus tu inventes des mots formidables aussi bien qu'Obni ! Allez, au boulot !

8. Le dimanche 20 novembre 2005, 21:52 par Cécile

mon livre!!! mon premier livre de cuisine!! de l'époque ou je savais a peine faire cuire des nouilles...
et la suite.. la meme mere, les memes mesures!! qu'est ce que j'ai pu pester quand elle disait : "ben tu vois bien" ou "tu mets c'que t'as "( en epices par exemple) hahaha merci merci merci encore traou pour ce billet ce soir. c'est plein de rires, de souvenirs qui remontent, et que des paillettes de plaisir. ( une bises Kouign Amann pas maison parceque je sais pas encore cuisiner breton mais ça va venir)

9. Le dimanche 20 novembre 2005, 22:22 par Traou

Cécile> Le kouign amann ! J'ai essayé ! (je ne recule devant rien maintenant). Mes copains étaient morts de rire, m'ont charrié sur le beurre qui allait dégouliner sous la table...etc... mais ils se sont régalés, je me souviens ! Tiens, encore une recette bretonne pour Obni !

10. Le dimanche 20 novembre 2005, 22:37 par samantdi

Ce billet, j'aurais pu l'écrire : j'ai le même parcours culinaire que toi, et le livre mentionné a fait partie de ma bibliothèque jusqu'à ce qu'il se perde dans un déménagement. C'est dire que j'ai savouré chacun de tes mots !
Cependant, même aujourd'hui, je ne suis pas très bonne cuisinière. Il faut dire que je partage mon appartement avec un excellentissime cuisinier et cela ne me pousse pas à innover. Par contre, je me sens responsable des recettes familiales d'antan et je me suis donc spécialisée dans quelques plats traditionnels du sud-Ouest.

J'adore le kouign amann :il reste pour moi une rareté qui va de pair avec le plaisir d'aller en Bretagne.

11. Le dimanche 20 novembre 2005, 23:13 par Vroumette

Bon, rien n'est perdu, mais je n'en suis pour l'instant qu'à la première partie de ton récit. Je n'en suis toujours pas à l'étape "j'ai envie d'apprendre à cuisiner", mais bon, je me dis que j'ai encore le temps, et grand zorro le fait si bien (visage d'ange en écrivant ces mots).
Ma belle-mère (qui est une perle) a d'abord tenté de m'apprendre et m'avait acheté "la cuicine pour tous", et devant ma mauvaise volonté a finalement capitulé en me disant "de nos jours, j'ai appris à mes fils à tout faire", et je l'ai alors fortement embrassé et remercié (ce qui l'a fait beaucoup rire).

12. Le lundi 21 novembre 2005, 10:40 par Anne

Arg dommage ! J'ai un problème assez violent (autant que passager) avec le curry en ce moment, sinon j'aurais bien tenté !

Je mets ça sur la liste des recettes pour juin ;-)

13. Le lundi 21 novembre 2005, 12:08 par Traou

Samantdi> Je vais aller voir chez toi s'il y a quelques recettes du sud-ouest, ça m'intéresse. Et je mettrai prochainement en ligne celle du kouign-amann si je la retrouve (dans mon souvenir, c'est du genre mélanger de la farine et de l'eau, étaler, recouvrir de beurre et de sucre, plier en 4, étaler, recouvrir de beurre et de sucre, plier en 4.... etc... jusqu'à ce que mort s'ensuive, enfin jusqu'à ce que la motte de beurre soit épuisée et le paquet de sucre vidé....)

Vroumette> Moi si j'avais un grand zorro (ou assimilé) qui le "faisait si bien (visage d'ange)" à la maison, sois sûre que je serais beaucoup moins motivée !... ;-) Continue !

Anne> Ravie de t'accueillir ici ! Je vais étudier la mise en ligne prochaine de recettes spéciales "future maman" avec rien que des douceurs dedans !

14. Le lundi 21 novembre 2005, 18:17 par obni

Combien de temps de cuisson pour le kouign-amann ? Et les ingrédients ? Un bol de farine ? Une tasse d'huile ? Un chaudron de beurre ? Un lapée de sucre ? Un sourire de crème ? Un pliage façon cocotte en papier ?

(Je sais… je sais… tu donneras la recette plus tard… c'était juste pour rigoler… riz au lait ? Tiens ! Une autre idée de dessert !) :o)

15. Le mardi 22 novembre 2005, 19:54 par borgo

Moi quand je serai grand, je me ferai entretenir et j'écrirai des livres de recettes.
Euh, bin quoi ? On peut rêver un peu, non ?

16. Le mardi 22 novembre 2005, 23:37 par Traou

Obni> Pas d'impatience, le chapitre "recettes bretonnes" est en construction... (pour le chaudron de beurre, c'est à peu près ça....)

Borgo> C'est une idée.... Envoie les recettes, on verra pour l'entretien... ;-)

17. Le samedi 26 novembre 2005, 07:35 par labosonic

Merci pour ce post que je découvre tardivement et qui me fait hurler de joie et de plaisir.

Parce que, plus que toute autre pratique, la cuisine ne peut se concevoir qu'en termes de parcours initiatique.
Dans un monde et une époque, où on veut tout, tout de suite (et son contraire), ça devient même presque un acte de résistance passive de savoir cuisiner.

Dans un monde et une époque, où tout le monde veut le beurre, l'argent du beurre, et que sais-je encore. La cuisine reste un des derniers bastions de la mesure du monde à savoir prendre(et on en profite enfin pour prendre le temps qui va avec).
Savoir que l'on est censé mettre du "schmoutz, mais possibilité de mettre du smurz" parce que c'est presqu'aussi bien ou voire même mieux, selon les goûts des convives.

Parce que c'est un parcours à faire, avant tout, et que tout apprentissage n'est que secondaire par rapport à la volonté de bien faire (ton repas thématique italien en est d'ailleurs un merveilleux exemple).
Parce qu'au delà du parcours qui n'entraîne que progression : il y a toujours des catastrophes et des exploits inattendus, des trouvailles d'une inspiration qu'on croirait divine. En gros et en un mot, parce qu'il y a toujours un peu d'imprévu dans la marmite alors que notre monde s'acharne à le faire disparaître dans une application sans remords.

Et en plus (ou est surtout ?), c'est bon (sauf la blanquette qu'est meilleure réchauffée).